La chute en équitation est bien différente de la chute littéraire. En effet, si un auteur cherche toujours une chute surprenante pour une nouvelle (voir mon mini recueil de nouvelles western), il en va bien autrement à cheval. Le cavalier fuit la chute. On ne pourra guère lui reprocher : tomber de plus haut que son propre corps et sans en décider des conditions peut donner de mauvais résultats.
Pour ma part, après 5 ans d’équitation, je suis tombé trois fois.
Une fois en balade : cheval qui recule dans un petit fossé, on tombe tous les deux dedans et il fut proche de finir sur la jambe. Je me relève, on continue la balade.
Une fois en cours : travail du galop, déséquilibre, je tombe vers l’avant dans ses jambes. Le cheval me marche sur le casque dont le plastique explose. Je me relève, remonte, on repart immédiatement au galop sur le même exercice.
Une fois seul à l’entrainement de ma jeune jument : aujourd’hui divergence d’opinion au galop. Je veux tourner à gauche, utilise le poids de mon corps, mais elle part à droite. Bam, déposé dans le sable. Je me relève, remonte et on recommence correctement le même virage au galop.
Qu’est-ce que j’ai appris de ces chutes en équitation ?
- Ce n’est pas la faute du cheval mais la mienne. Informations contradictoires données au cheval, équilibre précaire, poids trop en avant… Et hop parfois on descend plus vite que prévu.
- Je n’ai jamais eu le temps d’avoir peur. Je suis dans l’action, ça arrive, je gère au mieux et parfois ça ne suffit pas. Mais quoi qu’il arrive je remonte directement et recommence, appréhension ou pas. Il n’ a aucune raison valable pour que mon erreur crée ou renforce une peur chez ma monture : aussi on repart pour réussir ensemble.
- Je ne me suis jamais fait mal. Oh certes, des bleus ou des bosses, mais rien que mon corps ne puisse supporter. Et je pense que je dois cela à mes années de pratique de l’Aikido et du Jujutsu. Toutes les roulades et chutent plaquées apprennent à ne pas avoir peur du sol et à se positionner. Dans toute chute la pire réaction serait de se raidir, se contracter et tout faire pour ne pas entrer en contact avec la Terre. Il est au contraire bien plus favorable de ne pas redouter ce moment et d’amortir sa réception (souplesse du corps, contact progressif, arrondir le corps, ne pas exposer les éléments faibles comme la colonne… etc…)
3 chutes en équitation en 5 ans
Pour le non cavalier cela peut sembler beaucoup, pour les cavaliers c’est souvent peu. N’étant pas né centaure, je pense tenir ce faible quota de plusieurs facteurs :
- Je ne pratique pas le saut d’obstacle. Cet exercice est un bon pourvoyeur de chutes en tout genre, et à vrai dire, il ne m’intéresse pas du tout. Sans surprise, je préfère l’équitation western.
- Je monte des chevaux de mon niveau et dressés. Désolé de le rappeler mais l’équitation est déjà suffisamment complexe dans sa technicité pour ne pas présager de ses compétences (l’égo au vestiaire !). Malheureusement combien de jeunes cavalières rêvent de se lancer sur la Ferrari du coin qui saute des barres de 120 et plus ?
- Même lorsque je monte un cheval pas de mon niveau, je mets les chances de mon côté. Honnêtement, pour un débutant, toujours en progression, avoir une jeune jument (5 ans) qui a tout à apprendre n’est pas l’idée du siècle. Le dicton dit « A jeune cavalier, vieux cheval ». Mais cette jument est une paint-horse, une race au tempérament froid sélectionné pour ce caractère. Pas de départ au galop impromptu à la moindre surprise, si elle a peur elle fait un léger écart et attend.
- Je monte dans une écurie où les chevaux sortent et sont bien dans leur tête (pas pompom qui reste enfermé en permanence et que l’on sort en furie du box pour le cours de 16h).
Ce que je regrette dans les chutes ce sont les personnes pour qui c’est récurrent. Au bout d’un moment ces cavaliers soit abandonnent, soit se font vraiment mal et arrêtent. J’ai beau être dur à la douleur et faire des arts martiaux, je ne crois pas au dicton masochiste qu’il faudrait XXX chutes pour faire un cavalier. Il faut parfois se demander si le contexte de pratique est adapté. Un bon conseil : la chute, laissez tomber !
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