Coronavirus : de l’accès aux chevaux

par | 25 Avr 2020 | Equitation | 0 commentaires

Le coronavirus a un impact dramatique sur la filière équine, ses différents acteurs et son public. Dans un milieu qui frôle souvent la survie en temps normal, il faut faire avec une perte de rentrée d’argent et des charges toujours égales. Là où le déficit d’un restaurant aura un impact économique (et social par ricochet), la situation dans le monde du cheval met en danger la vie des animaux. Car, ces êtres qui nous sont chers n’arrêtent pas de vivre lorsque les recettes disparaissent.

Le 15 mars, le confinement unilatéral (on aime bien les règles absolues en France) a tendu toutes les situations. Les propriétaires d’équidés qui s’occupaient régulièrement de leurs chevaux dans les centres équestres ont dû les laisser entièrement aux soins des écuries, et les propriétaires sans structure se sont retrouvés… Dans un désarroi compréhensible, ne sachant comment faire avec les restrictions de circulation.

A coup de dérogations ou de passage en dehors de la loi, ces proprio sans structure ont assurés les soins nécessaires à leurs chevaux (eau, nourriture, soins). Et le récent communiqué du ministère de l’agriculture ne fait que renforcer l’aspect légal de ces interventions : s’occuper de ses animaux lorsque les soins et leurs besoins vitaux ne peuvent pas être assurés par un professionnel ou une tierce personne. Le communiqué est assez clair (le lire)

Pourtant je suis surpris de voir toutes les interprétations assez éloignées sur internet. Un certain nombre de propriétaire s’appuient là-dessus pour justifier d’avoir accès à leurs chevaux combien même ces derniers sont dans une écurie dont les dirigeants gèrent les montures. Soyons très clair : je ne parle pas des chevaux dont les besoins ne seraient pas assurés (eau, nourriture, pouvoir se déplacer), il est important que ces derniers soient pris en charge et le communiqué le permet. Je parle de tous ces proprio qui – comme moi – n’ont plus accès à leur ami équin et le vivent mal, MAIS dont la monture est gérée par un tiers.

On peut discuter du bien fondé des règles de confinement actuelles – et je suis le premier à regretter notre état centralisé qui met sur la même échelle un habitant à la campagne, isolé, et un citadin. Mais lorsqu’on s’en prend de manière de plus en plus véhémente aux dirigeants de CE, ça me pose problème : ces derniers sont responsables des allers/venues dans leur établissement. Accepter de laisser rentrer des proprio quand le personnel gère déjà leurs chevaux alors que les décrets stipulent que les établissements doivent être fermés, c’est mettre ces établissements hors la loi et faire reposer tout le risque sur eux. Quid en cas d’accident (chute, coup, etc…) ou de contamination, pour le CE, l’écurie, la pension alors que la venue du proprio n’était pas vraiment nécessaire ? ( Si vous ne prenez pas vraiment ça au sérieux, j’imagine que vous n’avez pas été à la tête d’une entreprise).

Encore une fois, j’exclus de ces remarques tous les cas où des soins suffisants ne peuvent être apportés par les dirigeants de pensions et CE. Mais, ce que je lis va souvent bien au delà de ça: besoin de contact avec son animal, besoin de monter, besoin de le garder dans une forme sportive… Ces dernières années, l’éthologie (l’étude du comportement) a grandement amélioré notre compréhension du cheval. Avec elle, le statut du cheval se modifie. Mais il faut justement s’appuyer dessus et se rappeler que NON, un cheval au pré n’a pas un besoin vital de voir son proprio, s’il est nourri, a accès à l’eau, peut se déplacer et avoir des contacts avec ses congénères. Non, tourner en manège n’est pas un besoin de base (oui, sa musculature s’adaptera si ça dure et il faudra le remettre au travail). A un moment donné, même si c’est extrêmement dur et qu’on a tous le besoin impérieux de revoir notre partenaire, si ses besoins vitaux (eau, nourriture, déplacement) sont satisfaits, nous devons attendre (je sais que c’est dur : parlez-en à quelqu’un qui avait prévu toutes ses vacances des 6 prochains mois pour voir et travailler chaque jour son jeune cheval… Pour finalement voir tous ses jours de congés s’écouler entre 4 murs à quelques kilomètres des écuries).

De même s’appuyer sur le fait que les enfants rentrent à l’école le 11 mai me laisse au mieux dubitatif. On sait très bien que cette mesure n’a rien à voir avec l’aspect sanitaire, c’est même un contre sens dans ce cadre. Cette mesure vise uniquement à permettre à une partie de la population de travailler et amoindrir un crash économique. S’appuyer sur cette comparaison aux écoles pour aller voir son cheval, c’est juste aussi malhonnête que la reprise de l’école elle-même. Par certains aspects, je comprends les réactions de la FFE qui doit lutter contre une catastrophe économique et faire avec une obligation légale de fermeture sanitaire. Je ne suis pas fan de la FFE, mais se battre dans ces conditions pour l’accès des proprio à leurs chevaux est moins prioritaire (encore fois, toi qui me lit et qui serait outré pour le bien-être de ton cheval, relis-moi : si les besoins vitaux des équidés ne peuvent être satisfaits, le proprio est en droit de les satisfaire, c’est l’objet du communiqué).

Comment s’en sortir ? A mon avis, certainement pas au napalm anti centre équestre, écurie, pension ou fédération (sportive !); si on pense un moment à leur situation dans le contexte sanitaire et légale actuel, leur comportement est normal. Face à la crise sanitaire, le seul levier entendu actuellement est celui économique (… On verra dans 6 mois/1 an si ce même argument était valable face à la crise sanitaire… Mais c’est un autre sujet).

Je pense que l’accès des proprio va revenir avec la reprise d’activité des CE et/ou lorsque l’état du dé-confinement ne pourra plus moralement justifier ces privations de liberté. Malheureusement je redoute les rebonds à venir. Il suffit de voir les pays où le virus touche peu et les distances barrières sont respectées « culturellement ». Ainsi le japon a rétropédalé après 1 semaine d’ouverture d’école : re-fermeture suite à contamination à la hausse.

Alors il va falloir faire comprendre à nos décideurs (politiques), qu’une activité en plein air, individuelle, a un facteur de contamination bas moyennant qu’on gère correctement les espaces communs. En ce sens, il faut avoir ce même discours avec les écuries, CE, pensions et s’associer aux autres activités de plein air pour aller dans un même sens de réouverture – que tout le monde souhaite au plus vite.

Ajout : voici un lien vers une pétition pour reprendre les activités équestres le 11 mai, https://bit.ly/355F81F

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Nicolas Delalondre

Auteur auto-édité, aimant la science-fiction et la vie de cowboy.

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